Gorillaz Demon Days

Autant le dire d’entrée de jeu, ce 2ème opus de Gorillaz est magistral. A l’image de l’incommensurable talent de son maître d’œuvre (Damon Albarn) et de la hardiesse des protagonistes de l’attachant combo cartooné (Murdoc, 2D, Noodle, Russel), Demon Days allie le génie d’un musicien accompli et la fraîcheur enfantine de bidouilleurs intrépides. Comme pour l’album précédent, Damon a travaillé avec une cohorte d’artistes de renom : ici les producteurs Danger Mouse, concocteur du Grey Album, et Jason Cox, déjà aux manettes sur les albums Blur, 13, Think Tank, Mali Music et l’éponyme Gorillaz, les rappers De La Soul, Bootie Brown, MF Doom, Roots Manuva, les vocalistes Shaun Ryder, Neneh Cherry, Martina Topley-Bird, Dennis Hopper à la lecture d’un texte narratif, Ike Turner au piano et la London Community Gospel Choir déjà à l’ouvrage sur Think Tank. Il en résulte un patchwork multicolore où se marient allègrement dub sombre, pop enjouée, gospel, rap et électro. Loin des standards conventionnels, Demon Days alterne toutes les factures (bruitages d’engins déglingués, chœurs, écritures cinématographique et classique, répétitions hypnotiques, éclats de rire), fusionne toutes les affinités (de Beck à Ennio Morricone en passant par Blur bien évidemment), sans jamais perdre en harmonie et cohésion. Soutenus tour à tour par des violons, altos, violoncelles sémillants et des basses et contrebasses sépulcrales, la voix délicieusement douce et fragile de Damon Albarn et son chant paresseux sont un véritable baume pour nos sens. Prodigieusement riche et éclectique, Demon Days n’en reste pas moins très empreint de la griffe de son génial géniteur. L’édition luxe joliment présentée comporte un DVD et un livret illustré par Jamie Hewlett.

Maryse LALOUX

Pour PRESTO! Fan et Webzine Rock du Grand Nord, http://presto.presse.fr